De bons enfants sont un don de Dieu

De bons enfants sont un don de Dieu S. Monson
Thomas S. Monson Thomas Spencer Monson (Salt Lake City, 21 août 1927 - 2 janvier 2018)

On apprend dans le livre de Matthieu qu‘après être descendus de la montagne de la Transfiguration, Jésus et ses disciples s‘arrêtèrent en Galilée puis se rendirent à Capernaüm. Les disciples dirent à Jésus: «Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux?

«Alors Jésus appela un petit enfant, le plaça au milieu d‘eux et dit:

«En vérité je vous le dis, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n‘entrerez point dans le royaume des cieux.

«C‘est pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux.

«Et quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci, me reçoit moi-même.

«Mais si quelqu‘un était une occasion de chute pour un de ces petits qui croient en moi, il serait avantageux pour lui qu‘on suspende à son cou une meule de moulin, et qu‘on le noie au fond de la mer» (Matthieu 18:1–6).

Je pense qu‘il est significatif que Jésus aimait ces petits qui avaient quitté depuis peu la préexistence pour venir sur terre. Les enfants, aujourd‘hui comme alors, sont une bénédiction. Ils suscitent notre amour et nous poussent à faire le bien.

La plupart de ces petits sont donnés à des parents qui attendent avec impatience leur venue, à des pères et mères qui se réjouissent de faire partie du miracle qu‘est la naissance. Il n‘y a pas de sacrifice trop grand, pas de souffrance trop terrible, pas d‘attente trop longue.

Il n‘est pas étonnant qu‘on soit choqué d‘entendre la nouvelle suivante transmise par une dépêche de presse: «Dans une ville des Etats-Unis, un nouveau-né de sexe féminin a été découvert, enveloppé dans un sac en papier, dans une poubelle. Le bébé est en observation à l‘hôpital et se porte bien. Un porte-parole de l‘hôpital a déclaré mercredi: ‹C‘est un très beau bébé, parfaitement sain.› Selon la police, le nouveau-né a été découvert par des éboueurs qui, après avoir vidé la poubelle dans la benne de leur camion, ont vu quelque chose bouger parmi les détritus. Les autorités recherchent la mère.»

Nous avons le devoir solennel, l‘honneur et le droit sacré d‘accueillir dans notre foyer et dans notre cœur les enfants qui embellissent notre vie.

Les enfants ont trois écoles, bien distinctes les unes des autres: l‘école du système scolaire, l‘école de l‘Eglise et l‘école du foyer.

Depuis toujours, l‘Eglise s‘intéresse de près à l‘éducation publique et encourage ses membres à faire partie des associations de parents d‘élèves et autres organisations destinées à améliorer l‘enseignement.

Chacun de nous se rappelle avec affection les maîtres qu‘il a eus. Je me souviens encore que mon professeur de musique, à l‘école primaire, s‘appelait mademoiselle Sharp. Elle avait le don de transmettre à ses élèves l‘amour de la musique. Elle nous apprenait à reconnaître les instruments de musique et leur son. Je me souviens bien de l‘influence de mademoiselle Ruth Crow qui nous enseignait l‘hygiène. C‘était l‘époque de la grande dépression, mais cela ne l‘empêchait pas de veiller à ce que chaque élève de sixième ait un calendrier de soins dentaires. Elle vérifiait personnellement l‘état des dents de chaque élève et veillait à ce que, grâce à des fonds publics ou privés, chaque enfant se fasse soigner les dents. Quand mademoiselle Burkhaus, qui enseignait la géographie, déroulait les cartes du monde et, de sa baguette, indiquait les capitales et les particularités de chaque pays, langue et culture, j‘étais loin de me douter que je visiterais un jour ces pays et ces peuples.

Combien sont importants dans la vie des enfants les enseignants qui élèvent leur esprit, aiguisent leur intelligence et les motivent!

L‘école de l‘Eglise ajoute une dimension essentielle à l‘éducation de chaque enfant et de chaque jeune. Dans ce cadre, chaque instructrice peut permettre à ceux qui écoutent ses leçons et ressentent son témoignage de s‘élever. Dans les réunions de la Primaire, de l‘Ecole du Dimanche, des Jeunes Filles et de la Prêtrise d‘Aaron, des instructeurs bien préparés, appelés sous l‘inspiration du Seigneur, peuvent toucher chaque enfant, chaque jeune, et les motiver tous à chercher des paroles de sagesse dans les meilleurs livres, à chercher la science par l‘étude et aussi par la foi (voir D&A 88:118). Une parole encourageante ici, une pensée spirituelle là peuvent toucher une jeune vie et laisser une empreinte indélébile sur une âme immortelle.

L‘instructeur humble et inspiré de l‘école de l‘Eglise peut inculquer à ses élèves l‘amour des Ecritures. En effet, l‘instructeur peut rendre présents les apôtres d‘autrefois et le Sauveur du monde non seulement dans la classe, mais également dans le cœur, dans l‘esprit et dans l‘âme de nos enfants.

La plus importante de toutes les écoles est peut-être le foyer. C‘est dans le foyer que nous formons nos attitudes et nos convictions les plus profondes. C‘est dans le foyer que l‘espoir est nourri ou détruit. Notre foyer est le laboratoire de notre vie. Ce que nous y faisons détermine le cours de notre vie après que nous l‘avons quittée. Dans son livre The Road to Confidence, Stuart E. Rosenberg écrit: «Malgré toutes les inventions nouvelles et les modèles, les modes et les idoles modernes, personne n‘a encore inventé ni n‘inventera jamais quoi que soit qui remplace de façon satisfaisante sa famille.»

Un foyer heureux est en fait le ciel avec un peu d‘avance. George Albert Smith a demandé: «Voulons-nous que le bonheur règne dans notre foyer? Si oui, alors qu‘y règnent la prière, les actions de grâce et la gratitude» (conférence générale, avril 1944).

Parfois, des enfants naissent avec un handicap physique ou mental. En dépit de tous nos efforts, il n‘est pas possible de savoir pourquoi ni comment cela se fait. Je rends hommage aux parents qui, sans se plaindre, acceptent sans restriction ces enfants et font encore plus de sacrifices et donnent encore plus d‘amour à l‘un des enfants de notre Père céleste.

Cet été, au camp familial d‘Aspen Grove, j‘ai remarqué une mère qui, patiemment, donnait à manger à sa fille adolescente, blessée à la naissance et totalement dépendante. La mère lui donnait à manger cuiller après cuiller et à boire gorgée après gorgée en lui maintenant la tête et le cou. Je me suis dit: «Depuis dix-sept ans, cette maman rend ce service et tous les autres à sa fille, sans jamais penser à son confort, à son plaisir ni à sa nourriture à elle.» Que Dieu bénisse ces mères, ces pères et ces enfants. Il le fera.

Partout dans le monde, les parents savent que les plus grandes émotions ne sont pas suscitées par de grands événements cosmiques, ni par la lecture de romans ou de livres d‘histoire, mais tout simplement par la contemplation de son enfant endormi.

Les enfants expriment leur amour de façons originales et inventives. Le jour de mon anniversaire, il y a quelques semaines, une adorable petite fille m‘a fait cadeau d‘une carte de vœux qu‘elle avait écrite elle-même. Dans l‘enveloppe, elle avait mis un minuscule cadenas qu‘elle aimait et dont elle pensait qu‘il me ferait plaisir.

«Au monde, il n‘y a rien de plus beau qu‘un enfant quand il donne. Il donne tout et rien. Un enfant nous donne le monde. Il nous ouvre le monde comme s‘il s‘agissait d‘un livre qu‘on n‘avait pas su lire. Mais quand il faut trouver un cadeau, c‘est toujours un petit rien absurde collé ou tordu … un ange qui ressemble à un clown. Un enfant a si peu à donner, parce qu‘il ne sait jamais qu‘il vous a tout donné» (Margaret Lee Runbeck, Bits & Pieces, 20 septembre 1990).

Tel était le cadeau que m‘a fait Jenny.

Les enfants semblent posséder une foi profonde en leur Père céleste et en sa capacité et son désir de répondre à leurs tendres prières. Je sais par expérience personnelle que quand un enfant prie, Dieu écoute.

Si tous les enfants avaient des parents qui les aiment, un foyer sûr et de bons amis, comme leur monde serait merveilleux. Malheureusement, tous les enfants ne sont pas aussi bénis. Certains voient leur père frapper sauvagement leur mère, d‘autres sont eux-mêmes frappés. Quelle lâcheté, quelle dépravation, quelle honte!

Partout, les hôpitaux accueillent des enfants meurtris, battus. On ment de façon éhontée: «L‘enfant s‘est cogné dans la porte» ou bien: «Il est tombé dans l‘escalier.» Les menteurs, les brutes qui maltraitent des enfants! Ils récolteront un jour le châtiment de leurs actes repoussants. L‘enfant, victime silencieuse, blessée, traumatisée de mauvais traitements, et parfois d‘inceste, doit recevoir de l‘aide.

Un juge m‘a écrit: «Les sévices sexuels infligés à des enfants sont l‘un des délits les plus vils, les plus destructeurs et les plus démoralisants d‘une société civilisée. Il y a une augmentation alarmante des sévices physiques, psychologiques et sexuels contre des enfants. Nos tribunaux sont submergés de ces cas de comportements honteux.»

L‘Eglise n‘excuse pas ces conduites haineuses et viles. Au contraire, nous condamnons de toutes nos forces les mauvais traitements aux enfants de Dieu. L‘enfant doit être secouru, protégé, aimé et guéri. Le coupable doit être traduit en justice, répondre de ses actes et être suivi par des psychiatres pour mettre fin à ces comportements pervers et diaboliques. Quand nous sommes au courant de tels cas et que nous ne faisons rien pour y mettre fin, nous contribuons au problème. Nous endossons une part de responsabilité. Nous recevons une partie du châtiment.

Je ne crois pas m‘être exprimé trop durement. J‘aime les petits enfants et je sais que le Seigneur les aime, lui aussi. Il n‘y a pas de plus bel exemple de cet amour que le récit de 3 Néphi rapportant comment Jésus bénit les enfants. On y lit que Jésus guérit les malades, instruisit le peuple et pria notre Père céleste pour eux. Je vais vous citer ce passage:

«[Jésus] prit leurs petits enfants un à un, et les bénit, et pria le Père pour eux.

«Et lorsqu‘il eut fait cela, il pleura de nouveau.

«Et il parla à la multitude et leur dit: Voici vos petits enfants.

«Et comme ils regardaient, voici, ils levèrent les yeux vers le ciel, ils virent les cieux s‘ouvrir, et ils virent des anges descendre du ciel comme au milieu d‘un feu; … et les anges les servirent» (3 Néphi 17:21–24).

Mes chers frères et sœurs, puisse le rire des enfants réjouir notre cœur. Puisse la foi des enfants apaiser notre âme. Puisse l‘amour des enfants inspirer nos actions. «Les enfants sont un héritage de l‘Eternel« (Psaumes 127:3; traduction littérale de la version du roi Jacques). Puisse notre Père éternel bénir à jamais ces âmes tendres, ces amis du Maître.